Accord de libre-échange nord-américain (Alena)
(en anglais, North American Free Trade Agreement, NAFTA),
Accord économique
multilatéral de libre-échange
signé par le Canada,
le Mexique
et les États-Unis
le 18 décembre 1992.
L'Alena prévoit non seulement
la disparition progressive des barrières tarifaires et autres entraves à la
libre circulation de la plupart des marchandises produites et vendues en Amérique
du Nord, mais aussi l'élimination des obstacles à l'investissement
international et la défense des droits de propriété
intellectuelle. Après ratification par chacun des pays signataires, la zone
de libre-échange a été mise en application le 1er janvier 1994.
L'Alena est le prolongement de
l'accord
de libre-échange américano-canadien entré en vigueur en 1989 et destiné à
réduire les barrières tarifaires entre le Canada et les États-Unis.
Après plusieurs années de
discussions, le traité de l'Alena a été conclu par les représentants des trois
pays : George
Bush, le président américain, Carlos
Salinas de Gortari, le président mexicain, et Brian
Mulroney, le Premier ministre canadien.
L'accord prévoit l'élimination
des barrières à l'échange tant tarifaires (les droits de douane) que
non-tarifaires (quotas ou licences d'exportation) dans un délai de quinze ans à
compter de son entrée en vigueur. Il contient également des dispositions
relatives aux échanges de services.
Le Canada a été le premier
signataire à ratifier l'accord, le 23 juin 1993. Aux États-Unis, le débat
sur l'Alena a divisé à la fois le Parti démocrate et le Parti républicain, et a
soulevé une opposition farouche de la part des syndicats. Ces derniers ont
redouté, en effet, la perte de nombreux emplois au sein de l'industrie
américaine en raison d'une concurrence déloyale mexicaine, pays dans lequel les
coûts salariaux sont inférieurs à ceux existant aux États-Unis. Ces craintes
relatives à l'emploi expliquent le traitement spécifique que l'accord réserve à
l'échange de certains produits (notamment le textile, les produits agricoles ou
encore l'automobile) pour lesquels des restrictions subsistent. La volonté de
protéger certains secteurs d'activité sensibles, au nom de la défense de
l'emploi, explique la longueur du processus de négociation et de ratification
du traité instituant l'Alena. Le Congrès américain a approuvé finalement le
traité en novembre 1993. Au Mexique, les critiques ont reposé sur la crainte de
la perte de souveraineté économique, ainsi que sur celle de voir l'accord
renforcer la position du Parti révolutionnaire institutionnel.
Même après avoir été approuvé,
l'Alena continue d'être l'objet de controverses. L'administration du président
américain Bill
Clinton a estimé que cet accord avait permis la création de
100 000 emplois aux États-Unis pendant la première année, tandis que
les opposants au traité étaient d'avis que l'augmentation des importations
avait provoqué des pertes d'emplois. D'autres imperfections de l'accord sont
apparues lorsque l'effondrement de la bourse mexicaine, à la suite de la
dévaluation du peso effectuée en décembre 1994, a mis en lumière les
faiblesses structurales et l'insuffisance de la modernisation des systèmes
économiques et politiques mexicains.
Cette zone de libre-échange,
qui ne constitue cependant pas un marché commun (en raison de l'absence d'un
tarif douanier extérieur commun et d'une politique commerciale commune à
l'égard des autres pays), crée toutefois un espace regroupant 365 millions
de consommateurs, soit la deuxième zone d'échanges après l'Espace
économique européen (EEE), qui représente 380 millions d'habitants.
Des discussions sur l'entrée
d'autres nations sud-américaines - à l'exception de Cuba -
dans l'Alena ont commencé à la fin de l'année 1994, et des négociations
officielles avec le Chili
ont débuté en 1995. Ces pourparlers reposent sur la création d'une zone de
libre-échange couvrant l'ensemble du continent américain.