Capital (économie)

 

I. Introduction

capital (économie), ensemble des biens susceptibles d'une évaluation monétaire, qui composent le patrimoine d'un agent économique générateur d'un revenu.

II. Capital et fortune


Peu de termes empruntés au vocabulaire économique contiennent une aussi grande diversité de sens que la notion de capital. Utilisée en économie, en comptabilité ou en finance, la notion de capital désigne non pas tant des réalités différentes que les différentes facettes d'un seul et même concept qui se décline.

Dans un sens premier, qui est celui auquel le terme est le plus volontiers assimilé, le capital désigne la fortune. Le capital est ce qui confère à son détenteur la richesse. Il s'analyse alors en un élément positif, dont la possession est la caractéristique, quelle qu'en soit la forme : ce peut être un bien ou de la monnaie. En fonction de l'origine de cette richesse, il est possible de distinguer un capitalisme industriel d'un capitalisme bancaire, ou, plus largement, financier. Cette définition statique du capital correspond historiquement à la vision qu'en avaient les mercantilistes du XVIe siècle. Ceux-ci définissaient le capital par rapport à la possession de monnaie et de métal précieux dont l'afflux s'était accru grâce à la découverte des ressources d'or et d'argent en provenance du Nouveau Monde. Il faudra attendre les économistes libéraux pour que la notion s'enrichisse, et que, de statique, elle soit appréhendée de manière dynamique.

III. Capital et cycle de production

      
Cette nouvelle définition du capital repose non plus sur sa simple possession, mais sur sa destination. Pour être qualifié de capital, un bien (ce mot est pris dans son sens générique) doit être utilisé dans la production d'un autre bien. La notion de capital est ainsi reliée à celle de production. Cette évolution dans l'appréhension de cette notion va donner lieu à un ensemble de qualifications qui ont pour but de caractériser la destination finale du capital. Il est ainsi

possible de distinguer le capital fixe du capital circulant. Cette distinction, toujours usitée en comptabilité, établit une partition entre les biens qui subsistent en tant que tels à l'issue du processus de production, et ceux qui subissent une transformation. Ainsi, par exemple, un bâtiment qui abrite les installations d'une entreprise constitue un élément de capital fixe : le fait de produire n'a aucune incidence sur son existence. Une matière première, à l'inverse, est transformée afin de servir à la production d'un nouveau bien : elle constitue en cela un élément du capital circulant.

À cette première distinction, fondée sur la transformation issue de la production, Karl Marx applique une analyse nouvelle qui différencie le capital variable du capital constant. Le premier est constitué par le travail qui est nécessaire pour réaliser un niveau de production donné. Le second, qui se combine avec le premier, se compose de l'ensemble des biens utilisés pour rendre réalisable cette production. Ce point de vue repose donc sur l'observation des facteurs de production utilisés par l'entreprise. Cette distinction constitue l'un des éléments fondamentaux de la critique de Marx envers le système capitaliste (voir Communisme). L'intégration de ces deux évolutions aboutit à une appréhension du capital défini comme l'ensemble des biens économiques appartenant à l'entreprise ou mis à sa disposition. En ce sens, le capital s'identifie à la notion d'actif utilisée par les comptables.

 IV. Capital et croissance 

À l'inverse, le capital, présenté jusqu'ici comme ce qui est possédé ou comme ce qui permet de produire, peut s'appréhender comme ce qui permet d'acquérir. Le capital représente donc non plus l'actif d'un bilan, mais le passif, c'est-à-dire l'ensemble des ressources financières qui permettent l'activité de l'entreprise. Le capital se confond ici avec la notion de liquidité. On établit alors une distinction entre capitaux à long terme et capitaux à court terme en fonction de leur capacité à se transformer, plus ou moins rapidement, en moyens de paiement. Dans une optique identique, le capital s'apparente également à un bien qui a pour qualité de pouvoir engendrer un revenu. L'intérêt qui rémunère le prêt d'argent, ou encore le dividende reçu par l'actionnaire, s'analysent tous deux comme le produit du capital. On peut alors en dégager deux caractéristiques : le capital est susceptible d'accumulation, celle-ci permettant son accroissement. Ces deux dernières notions sont utilisées afin d'expliquer la croissance de l'entreprise, et plus généralement celle d'une nation.

Les économistes établissent une relation de causalité entre capital et croissance. C'est l'accumulation du capital qui permet la production, et l'augmentation de celle-ci qui engendre la croissance. Dès lors, si l'on raisonne sur le cas d'une entreprise, le bilan ne constitue qu'une évaluation de la valeur du capital. C'est la progression de cette valorisation qui permet d'apprécier la croissance. Elle résulte de la modification de la composition du capital. L'activité de l'entreprise consiste à transformer un bien physique en bien monétaire (c'est le résultat de la vente mesuré par le chiffre d'affaires) ou, à l'inverse, à mobiliser des ressources financières afin d'acquérir des biens physiques qui permettront de produire davantage. Ce supplément de production permet de vendre davantage : c'est le cycle de croissance.

Plus récemment, la notion de capital a été étendue à des éléments immatériels qui, jusque-là, n'entraient pas dans sa composition. L'économiste américain Gary Becker a ainsi développé, dans les années soixante, la théorie dite du capital humain. Elle désigne l'ensemble des facultés qu'un individu peut mobiliser pour s'assurer des revenus monétaires futurs (ses connaissances et ses aptitudes professionnelles, par exemple). Grâce à cette notion, il est devenu courant de considérer les salariés comme un des éléments du capital de l'entreprise. Nombreuses sont les sociétés qui, aujourd'hui, mènent des politiques de formation en faveur de leur personnel, dans le but de renforcer leurs compétences et de les rendre compatibles avec les nécessités techniques qui sont les leurs. La valorisation de ce savoir peut s'analyser de la même manière que l'évolution d'un élément de capital physique ou financier.