"Delocalisation-relocalisation
d'activites :
un enjeu majeur pour le systeme productif et l'emploi en
France"
Introduction
Cette étude traite des mouvements de localisation-délocalisation des activités productives qui participent à la mondialisation.
La délocalisation a une définition stricte. Elle consiste dans la fermeture d'une unité de production nationale, l'ouverture de la production d'une unité à l'étranger et la réimportation de la production réalisée à l'étranger pour servir le marché national. Entendue dans ces termes, la délocalisation est un phénomène d'importance marginale, même si elle touche de manière plus sensible certains secteurs ou bassins d'emplois.
Après avoir brossé un tableau général des principales caractéristiques de la mondialisation et du positionnement de la France, l'étude s'attache à décrire les logiques de localisation des activités dans deux grands secteurs : l'automobile, le textile-habillement. Ces études sont réalisées sur la base de données statistiques d'enquêtes par questionnaires mais aussi d'entretiens avec les décideurs du secteur. Par ailleurs, les analyses sont menées à partir du secteur, mais aussi à partir des pays d'accueil et/ou des régions spécialisées dont la production s'internationalise.
1.Le cas du secteur automobile
Dans l'industrie automobile, l'étude souligne l'évolution de l'organisation de ce secteur, avec notamment des alliances pour la production conjointe de pièces importantes dans le véhicule, et la standardisation des composants. Cette évolution de l'organisation du secteur donne lieu à une production internationale caractérisée par la diminution du nombre de plates-formes par constructeur et la diversification des véhicules qui s'y trouvent assemblés. Le relâchement des contraintes de proximité associées à une production spécifique et synchrone laisse la place à des composants plus standards. La concentration des équipementiers ne s'accompagne pas de délocalisation, ils paraissent rester solidement ancrés sur leur base nationale. L'industrie automobile présente un rapport paradoxal entre d'un côté la nationalité de l'entreprise et de l'autre sa territorialité.
2.Le cas du secteur du textile
Dans l'industrie textile-habillement l'étude montre que l'internationalisation de la production passe plus par la sous-traitance et le négoce international que par le recours au trafic de perfectionnement, qui consiste dans des modifications du produit qui est ensuite réimporté dans le pays d'origine. Ces tendances dans les formes prises par l'internationalisation sont les signes d'une délocalisation massive, qui, réalisée en France au mauvais moment, a fini par provoquer un double mouvement de désindustrialisation / déspécialisation. Le rôle déterminant joué par la distribution, et les pressions concurrentielles qu'elle a véhiculées, ont induit le passage d'une logique productive à une logique de distribution de produits importés.
3.Le cas du secteur de l'électronique
L'industrie électronique a une organisation qui a peu évolué, et reste articulée autour deux phases de production : la première consistant dans le gravement des fonctions électronique sur les semiconducteurs et la seconde qui consiste dans le découpage, l'assemblage et les tests des composants. L'attention s'est longtemps portée sur la délocalisation vers les pays d'Asie du Sud Est des unités d'assemblage. Les activités de fab, qui sont de loin les plus stratégiques sont en revanche relativement peu internationalisées : à peine 30% des fabs construites dans le monde l'ont été en dehors du pays ou de la région (Europe) d'origine des capitaux. Au total, on observe, que si cette industrie est très internationale par ces ventes, elles l'est beaucoup moins par sa production.
Au-delà de ces analyses sectorielles approfondies, l'étude mène une réflexion d'ordre plus théorique portant sur la globalisation. Trois grandes conclusions sont avancées à partir des enseignements d'une analyse intersectorielle.
En premier lieu, l'étude conclut sur la distinction entre délocalisation au sens strict, considérée comme un phénomène peu significatif, et le redéploiement spatial du centre de gravité économique des groupes, qui est largement lié à la dynamique des marchés et de l'organisation.
En second lieu, les analyses menées par pays, des phénomènes de localisation-délocalisation conduisent à penser que la globalisation n'est pas synonyme d'homogénéisation des systèmes productifs nationaux : bien au contraire, ces derniers restent marqués par de fortes spécificités, sur lesquelles ils construisent leurs avantages comparatifs par rapport aux pays ou régions concurrentes.
Conclusion
Enfin, l'étude souligne la nature réversible des mouvements de délocalisation. L'évolution des technologies et compétences à l'ouvre dans les industries peuvent conduire à un regain des avantages comparatifs d'un pays, rendant possibles des phénomènes de relocalisations des activités productives, qui s'étaient initialement implantées dans d'autres régions plus attractives.